Ilana et Adrien parcourent les routes du monde depuis six mois dans le cadre du projet de leur association Pimp My World. Voici leurs astuces pour organiser un voyage solidaire sans tomber dans les pièges de l’écotourisme.
Nous avons choisi il y a deux ans, de nous lancer dans ce voyage de longue durée avec pour ligne directrice l’aide à de petites associations locales – préalablement identifiées – en finançant et réalisant sur place un projet spécifique couvrant l’un de leurs besoins.
Nos six premiers mois en Amérique du sud nous ont permis de réaliser deux projets solidaires : au Pérou, sur la thématique de l’environnement, et en Bolivie, sur la thématique de la défense des animaux. Nous avons voyagé entre chaque projet pour découvrir les merveilles et richesses qu’offrent ces beaux pays.
2018 débutera par un changement de continent et la perspective de deux nouveaux projets solidaires au Népal, sur la thématique de la peinture d’écoles suite au séisme, et en Inde, sur la thématique de l’éducation.
A ce stade du voyage, un premier bilan nous permet aujourd’hui de mettre en lumière trois conseils, qui sont selon nous primordiaux lorsqu’on choisit d’entreprendre un voyage humanitaire / solidaire.
Définir un voyage solidaire qui vous ressemble
Là est la clé du succès de votre futur voyage. Il est en effet important et inspirant de lire les expériences associatives réalisées par d’autres voyageurs, toutefois, la définition de votre projet doit être personnelle. Chaque individu est différent et possède ses propres aspirations. Un voyage solidaire n’a pas de définition précise et peut prendre des formes très variées. Créez votre propre définition.
Le premier conseil est de prendre une feuille et un stylo et d’identifier les thématiques qui vous touchent le plus. L’environnement, l’éducation, la défense des animaux, le droit des femmes… Lisez des articles, des livres, assistez à des conférences pour confirmer ces intérêts et vous renseigner davantage sur le sujet.
Nous avons mis du temps avant de trouver le sens précis que prendrait notre voyage. Nous voulions allier nos intérêts personnels avec les compétences et connaissances acquises pendant nos expériences professionnelles respectives.
Toutes nos recherches, rencontres, événements auxquels nous avons pris part, nous ont donné une base complète, solide et structurée pour nous guider vers ce que nous VOULIONS.
Choisissez un projet qui vous ressemble et motive. Ne copiez pas le projet d’un autre sous prétexte que cela a changé sa vie, si le sujet ne vous intéresse pas. La phase de préparation au voyage est primordiale pour ne pas se tromper et tirer le meilleur de cette expérience.
Si vous souhaitez apporter du sens à votre voyage, il existe de nombreuses possibilités :
- Trouver une association locale qui intervient dans un domaine qui vous intéresse
- Rejoignez une ONG ou Fondation que vous connaissez qui est implantée dans un autre pays
- Le Service Civique pour les moins de 26 ans de nationalité française
- Le Service Volontaire Européen pour les moins de 30 ans
- Faites du Woofing ou allez visiter le site Workaway, présents dans de nombreux pays, cela met en relation des particuliers ayant besoin d’un coup de main en échange du gîte et du couvert. Cela peut être de l’aide à la ferme, dans un vignoble etc.
Se renseigner en amont pour éviter les pièges du volontourisme
Vous avez identifié votre désir de découvertes et souhaitez apporter du sens à votre voyage en vous rendant utile.
Depuis quelques années, un large vivier d’entraide s’est déployé, surtout chez les jeunes, sous des formes très diverses pour apporter un peu d’aide là où il y en a le plus besoin. La volonté de s’investir peut parfois être aveuglée et on peut alors tomber dans un piège qui donnera un goût amer à cette expérience.
Les « arnaques » sont présentes partout. Les secteurs de l’humanitaire et du solidaire n’y échappent malheureusement pas. Il y a ainsi des personnes peu scrupuleuses qui ont compris que cet élan d’entraide actuel pouvait être converti en profits juteux. Ils se servent alors d’une association parfois fictive pour récolter des dons et des frais d’honnêtes volontaires dont les réels bénéficiaires ne verront jamais la couleur. Sur internet, des centaines de « volontariats », « bénévolats », « aides humanitaires » sont proposés dans le monde dans tous les domaines (écologie, éducation, santé etc). Mais ils sont malheureusement nombreux à ne répondre à aucun réel besoin.
Comment ne pas se faire avoir ? Voici une liste qui peut vous mettre la puce à l’oreille pour détecter les arnaques.
Des frais exorbitants pour réaliser un projet humanitaire (1200 euros par semaine pour donner des cours d’anglais au Népal…Oui on l’a vu !), une association locale sans historique, une demande de payer des frais en amont, un site internet avec très peu de contenu. Il y a des choses qu’on préfèrerait ne pas savoir mais qu’il vaut mieux avoir en tête pour éviter de tomber dans le piège du volontourisme.
Le second conseil est de prendre le temps et ne pas se précipiter pour trouver l’association qui vous correspond. Il faut se renseigner le plus précisément possible sur le contexte dans lequel la structure locale intervient, son écosystème et quel sera votre rôle précis. Il n’y a pas de honte à poser des questions et une fois sur place il sera trop tard. Nous avons contacté environ 400 associations et échangé des centaines d’emails avec celles que nous avions choisi d’aider. Pour autant, nous avons dû en dernière minute annuler un projet avec l’une d’entre elles qui venait de changer de direction et qui était devenue un vrai business.
Par ailleurs, nous avons défini notre itinéraire une fois les associations sélectionnées afin de ne pas être influencés par une destination qui nous obligerait à choisir une association « par défaut ». Après soyons réalistes, il y a des besoins solidaires presque partout dans le monde donc il y a de fortes chances que vous puissiez associer votre destination rêvée avec un projet associatif.
Si vous souhaitez connaitre des moyens pour repérer des associations sérieuses, il en existe de nombreux :
- Retour d’expériences de vos amis, familles : parlez de votre projet !
- Retour d’expériences de bloggeurs de voyage
- Certains guides touristiques peuvent indiquer des associations locales
- Les listes d’associations fournies par les ambassades des pays
- Assister au forum des Associations et Fondations qui a lieu chaque année à Paris
Apporter une touche personnelle à ce voyage solidaire
Encore une fois, quelle que soit la forme du projet que vous construirez ou rejoindrez, apportez-y votre touche ! Nous avons pour notre part activé tout notre réseau pour trouver le plus de contacts, retours d’expériences, idées possibles. C’est cette dose de culot qui nous a permis de rassembler de nombreux partenaires se reconnaissant dans notre projet et qui ont pu l’étoffer encore et le faire grandir.
Adrien étant passionné de sport et Ilana de cuisine, nous avons voulu intégrer cette donnée dans le projet sans pour autant avoir de réseaux dans ces secteurs. Cette forte volonté nous a permis de compter sur le club de football de l’OGC Nice et le restaurant Guy Savoy La monnaie de Paris – 3*** au guide Michelin, parmi nos partenaires principaux. En quoi cela consiste ? En plus des projets effectués au sein de chaque association partenaire, l’OGC Nice fournira par exemple des ballons de football qui seront distribués aux enfants népalais. Par ailleurs, à chacun de nos projets dans une association, nous avons l’occasion de cuisiner la recette signature de notre voyage du Chef pâtissier Matthieu Carlin : le Clafoutis ! Nous en sommes ravis, et ils apportent encore une touche plus personnelle à cette aventure humanitaire et solidaire autour du monde.
Notre conseil ici serait de vous inciter à réfléchir à quelle trace vous souhaiteriez laisser à ces populations que vous allez rencontrer. Un livre ? Une photo ? Un objet ?
A mi-parcours nous nous rendons déjà compte des bienfaits et de l’impact que ce voyage solidaire a eu sur nous. L’apprentissage quotidien, les rencontres, les découvertes, les défis et challenges rencontrés sont une richesse indéfinissable. Chacun peut se rendre utile à sa manière et le voyage solidaire bâti autour d’un projet associatif est un choix que nous ne regrettons à aucun moment tant il nous a déjà apporté et nous apportera encore.
A bientôt sur la longue route de l’entraide !
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