A Cuba peut-être plus qu’ailleurs, il est difficile d’échapper aux circuits touristiques tout tracés et aux sirènes des formules tout compris. Il est pourtant possible de s’affranchir des tours opérateurs et d’organiser seul son séjour sur cette île sans pareil. Adeline et Olivier ont parcouru pendant un mois les routes et les pistes du pays. Ils nous livrent 10 tuyaux pour une immersion réussie au cœur du Cuba authentique… et pour réaliser quelques économies.
1. Privilégiez l’hébergement en « casas particulares »
Les Cubains qui en avaient les moyens ont été nombreux ces dernières années à ouvrir leur maison aux voyageurs étrangers et on trouve désormais des « casas » dans toutes les villes qui présentent un minimum d’intérêt touristique. De manière générale, ces chambres chez l’habitant offrent un confort tout à fait acceptable. La majorité sont dotées d’une salle de bain privative, souvent avec de l’eau chaude, d’un système de climatisation ou, à défaut, d’un ventilateur et, pour certaines, d’un réfrigérateur. Par rapport à l’hôtel, souvent onéreux à Cuba, le prix de ces chambres d’hôtes à la mode cubaine reste abordable, entre 15 et 40 CUC en moyenne, en fonction du confort proposé et de la localisation.
De la modeste maison de pêcheur de Puerto Esperenza aux fastueuses bâtisses coloniales de Santa Clara, vous aurez l’occasion de pousser la porte d’habitations très variées. Un séjour en casa sera surtout l’opportunité de partager une tranche de vie avec vos hôtes et, si le courant passe, d’échanger sur Cuba, son histoire, sa culture et ses innombrables particularités. Ceux qui le souhaitent pourront également prendre le petit déjeuner (entre 3 et 5 CUC) et le dîner (entre 6 et 10 CUC). Des repas qui sont généralement tous identiques d’une « casa » à l’autre.
Astuce : dans les villes touristiques nombreux sont les rabatteurs qui vous proposeront de vous guider jusqu’à une « casa ». Ils seront rémunérés par une commission, de 5 CUC en générale, qui ne fera qu’alourdir vos frais d’hébergement. Leur assistance n’est pas nécessaire, vous trouverez facilement vous-même une « casa » grâce au symbole bleu obligatoire apposé sur les maisons bénéficiant de l’agrément officiel. N’hésitez pas en visiter plusieurs pour dénicher celle qui offre le meilleur rapport qualité-prix. En général, il n’est pas nécessaire de réserver sauf peut-être à La Havane, où vous préférerez disposer d’une adresse fiable le jour de votre arrivée. Utilisez dans ce cas le site suivant : http://www.casaparticularcuba.org Ayez toujours votre passeport à disposition, il vous sera demandé pour enregistrement dans chaque nouvel hébergement.
2. Changez quelques dizaines d’euros en monnaie nationale
Si la large majorité des échanges commerciaux se fait via le CUC dont la valeur correspond plus ou moins à un euro, il peut être utile de disposer de quelques pesos cubains pour régler certains achats, de nourriture notamment. Ainsi vous pourrez acheter une pizza ou un sandwich dans un petit snack populaire, vous payer une glace ou une pâtisserie auprès d’un vendeur ambulant ou bien des bananes à 1 peso pièce, soit 4 centimes d’euro environ.
Pour vous en procurer, rendez-vous dans une « casa de cambio » (bureau de change) avec votre passeport.
Astuce : Pour faciliter la gestion de votre budget, ayez ensuite deux porte-monnaie. L’un avec les CUC, l’autre avec les pesos. Vous éviterez de vous emmêler les crayons et de payer 1 CUC un article qui coûte en réalité 1 peso soit 25 fois moins cher.
3. Osez pousser la porte des cafétérias et restos de rue
Plutôt que de prendre tous vos repas dans les restaurants destinés aux touristes à la cuisine souvent médiocre et plutôt coûteuse, n’hésitez pas à aller manger, de temps en temps, dans les cafétérias populaires qui servent de cantines à bon nombre de Cubains. Ne vous attendez pas à des miracles culinaires, mais au moins les tarifs sont très bon marché. Comptez autour de 10 pesos pour une assiette de spaghettis, environ 30 pour un plat de poulet, riz et haricots. L’occasion, encore une fois, de découvrir le quotidien des Cubains et de nouer des conversations plus authentiques que dans les lieux où les touristes sont légion.
De même, vous comblerez facilement vos petites faims du midi auprès des nombreux vendeurs de sandwiches et de pizzas présents dans chaque localité. Ouvrez l’œil, car ils sont parfois difficiles à repérer. La plupart n’ont pas d’enseigne et leurs établissements sont souvent constitués d’une simple fenêtre ouverte sur la rue. Il est rare qu’on puisse s’y asseoir et on n’y distribue que rarement des sacs ou emballages pour les commandes à emporter.
Astuce : ayez toujours sur vous une ou deux boîtes type Tupperware, un sac en plastique et une bouteille vide pour pouvoir transporter vos achats avec plus de facilité. Selon l’horaire, il vous faudra parfois patienter pour obtenir votre commande et la variété des plats proposés s’amenuise à mesure que la journée avance. Quelques grands classiques : pan con tortilla (pain à l’omelette) 5 pesos, pan con tortilla y queso (pan à l’omelette et au fromage) 7 pesos, pizza individuel napolitana entre 5 et 8 pesos, verre de limonade ou de jus 2 pesos.
Une adresse dans la vieille Havane où vous pourrez retrouver tous ces plats et sandwiches jusque tard dans la soirée : Cafeteria La Yarit, 519 Oficios, à proximité de la basilique San Fancisco de Asis, quelques tabourets pour manger assis, accueil chaleureux.
4. Testez les transports en commun
Le bus : c’est assurément un bon moyen pour réduire vos coûts de déplacement par rapport à une voiture de location ou à un taxi privatif. La compagnie la plus fiable et disposant de la flotte la plus confortable s’appelle Viazul. Les horaires sont généralement respectés et les bus sont équipés de l’air conditionné et de toilettes sur les longs parcours. Pour éviter les déconvenues, pensez à réserver en ligne sur http://www.viazul.com. Attention, cela ne vous dispensera pas de vous enregistrer le jour de votre départ. Arrivez au moins une heure à l’avance. Les files d’attente sont généralement longues.
Le camion : les voyageurs les plus aventureux seront peut-être tentés par une expérience en camion. Évitez toutefois d’y faire un long trajet. Les places assises sont très limitées et les passagers sont souvent serrés comme des sardines dans la benne. En revanche le prix est très bon marché : 3 pesos cubains pour 30 km environ.
Le train : si vous disposez de beaucoup de temps, vous pouvez également envisager un voyage en train. Gardez toutefois à l’esprit que les retards de plusieurs heures sont fréquents tout comme les annulations pures et simples. Quant au confort, il est totalement inexistant. Les convois sont en général très lents. Comptez 11 heures pour un La Havane-Cienfuegos !)
Quoi qu’il en soit ces expériences resteront sans doute comme des moments forts de votre voyage. Ils seront l’occasion de nouer des conversations et toucher du doigt la réalité d’une large majorité des Cubains qui faute de voiture n’ont d’autres choix que d’utiliser ces modes de transport ou de faire du stop.
5. Ecartez-vous de l’autoroute au profit des petites routes de campagne
Si elles sont généralement bien entretenues et qu’elles tracent au plus direct, les autoroutes sont bien souvent les axes les plus monotones. Si vous avez loué une voiture, n’hésitez pas, lorsque le temps vous le permet, à vous dérouter vers des voies secondaires, certes plus tortueuses et moins bien revêtues, mais également souvent beaucoup plus dignes d’intérêt. Vous y découvrirez la réalité d’un monde rural où l’on se déplace encore à cheval et traverserez des paysages somptueux et inattendus. Une opportunité encore de se forger une opinion sur cette île complexe et déroutante loin des circuits balisés.
Astuce : Deux petites routes qui méritent le détour :
-à Matanzas plutôt que d’emprunter la Via Blanca pour rentrer vers La Havane, prenez la petite route à l’ouest de la ville qui explore la vallée tranquille et reculée de Yumuri. Vous retrouverez la Via Blanca à la sortie d’Arcos de Canasi, après une trentaine de kilomètres hors des sentiers battus
-à Vinales, au lieu de filer tout droit vers Pinar del Rio, optez pour la petite route montagneuse qui se faufile jusqu’à Pons. Rejoignez ensuite la route 111 pour atteindre Pinar del Rio.
6. Essayez le vélo !
Toutes les routes ne sont pas un paradis pour les amateurs de vélo, à Cuba, loin de là. A proximité des grandes agglomérations, les axes principaux sont souvent très fréquentés et la vétusté du parc automobile génère une pollution particulièrement désagréable et nocive pour les cyclistes. Toutefois, la bicyclette constitue un excellent moyen de découvrir l’île pour peu qu’on reste sur les voies secondaires. N’hésitez pas à embarquer avec vélo et bagages dans un bus Viazul pour shunter les tronçons trop passagers ou sans intérêt comme la sortie de la Havane par exemple ou les longues lignes droites battues par les vents entre Artemisa et Jagüey Grande. Les reliefs autour de Vinales (possibilité de location) ou encore de Las Terrazas sont particulièrement adaptés à la pratique du vélo. Le massif de l’Escambray, au nord de Trinidad, peut également constituer un terrain de jeu intéressant, mais attention les pentes sont redoutables !
Astuce : emportez avec vous les pièces de rechange les plus basiques. Chambres à air, rayons rustines et colles, maillons de chaîne, etc. Même si les mécanos réussissent des miracles avec peu, certaines pièces sont très difficiles à trouver.
7. Offrez-vous un spa à la mode locale
Envie de prendre soin de vous sans faire enfler votre budget ? Que diriez-vous d’un massage, d’un enveloppement de boue ou d’un bain chaud dans une piscine d’eau soufrée à un prix réduit ? Bienvenue au centre thermal de Baños de Elguea près de la petite ville de Corallilo, à 120 kilomètres au nord de Santa Clara. L’établissement, essentiellement fréquenté par les Cubains, paraîtra sans doute suranné et peu avenant aux touristes les plus exigeants, mais c’est aussi sans doute ce qui fait le charme de cet immense bâtiment perdu dans la mangrove. Les tarifs, eux, sont particulièrement attractifs : comptez 24 CUC pour une chambre double en demi-pension. A ce prix bien sûr, les chambres sont rudimentaires et vieillottes, mais les repas sont plus ou moins semblables à ce qui vous est servi ailleurs.
Astuce : N’hésitez pas à aller faire un tour dans le bâtiment réservé aux soins, où les tarifs sont tout aussi abordables : 5 CUC l’enveloppement, 12 CUC le massage, 10 CUC l’entrée au bassin d’eau soufrée. Une expérience de détente insolite à laquelle vous pourrez consacrer une ou deux journées.
8. Achetez l’eau de boisson au juste prix
Il est déconseillé de boire l’eau du robinet à Cuba. Il vous faudra donc vous procurer des bouteilles. Pour les acheter au meilleur prix, privilégiez les magasins TRD ou Panamericana dans lesquels les bouteilles de 1,5 litres sont généralement vendues 0,80 CUC l’unité. Ailleurs, en particulier dans les secteurs touristiques, on n’hésitera pas à les vendre le double voire 2 CUC la bouteille.
Astuce : pour réaliser davantage d’économies, vous pouvez vous procurer auprès des mêmes enseignes un « garrafón de agua » (bidon de 5 litres) pour seulement 1,90 CUC. A vous ensuite de le transvaser dans des récipients plus petits (gourdes, petites bouteilles) que vous pourrez transporter facilement.
9. Connectez-vous à internet dans les parcs
Encore une autre facette de la réalité cubaine. Absent des foyers, le réseau n’est accessible que depuis les grands hôtels ou dans les villes, via le wifi, dans des espaces délimités, généralement des parcs ou des rues commerçantes. Pour espérer vous connecter, il vous faudra d’abord vous rendre dans une agence Etecsa (service de télécommunication cubain) muni de votre passeport et acheter pour 1,5 CUC une carte à gratter sur laquelle figure un identifiant et un mot de passe. Celle-ci vous donnera droit à 1 heure de connexion utilisable sous un mois. Il y a souvent un peu d’attente, entre 20 et 30 minutes, pour obtenir le sésame. Une fois en possession de la carte, localisez un site où un réseau wifi Etecsa est accessible.
Astuce : en général, un attroupement de jeunes rivés sur leur smartphone vous indiquera précisément où vous installer. Vous n’aurez plus qu’à renseigner les codes figurant sur votre carte et à croiser les doigts pour que tout fonctionne. Si la connexion est parfois correcte, le débit est souvent très faible. N’espérez pas par exemple uploader des vidéos ou transférer des fichiers volumineux. Vous trouverez dans la rue des vendeurs de cartes à la sauvette, mais attention les arnaques sont fréquentes et les prix plus élevés que dans les agences officielles.
10. Détournez-vous des formules tout compris et partez à la recherche de la plage de vos rêves
Le principe de la formule tout compris à le vent en poupe à Cuba. Si elle peut paraître séduisante pour qui recherche uniquement soleil et détente, elle a souvent pour conséquence d’enfermer les touristes dans une bulle et de les priver de tout contact avec le monde extérieur. Vous gagnerez en authenticité à vous en détourner. Même à Varadero, temple du tourisme de masse, il est possible de rester à l’écart de ce circuit et de séjourner en indépendant tout en ayant accès à de très belles plages. Pour cela, fuyez la zone hôtelière de la péninsule et cherchez une casa dans le village de Varadero. Vous en trouverez autour de 30 CUC à deux pas de la plage. De même pour les sites dédiés au snorkeling nombreux notamment dans la baie des Cochons. Restez à l’écart des établissements les plus prisés des environs de Playa Larga ou de Playa Girón qui imposent de payer une formule tout compris pour vous mettre en quête de votre propre spot. Il existe de nombreux accès au littoral par des chemins souvent carrossables qui réservent souvent de bonnes surprises.
Astuce : si vous osez poursuivre vers Guasasa par la piste, vous trouverez sans doute une petite crique baignée par des eaux turquoise pour vous seul. Gare toutefois aux trous et aux bosses avec une voiture de tourisme. Ici, mieux vaut être à vélo !
Vous partez bientôt à Cuba ? Découvrez notre article Voyager à Cuba – préparation et conseils
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