Il existe mille et une façons de voyager. Agathe et Philippine, deux étudiantes en Master Management de la Technologie et de l’Innovation ont fait le choix du vélo. Mais plus qu’un voyage dans le respect de l’environnement, les deux jeunes femmes, derrière le pseudo de La Bici de Pachamama, ont pédalé durant 6 700 kilomètres en Amérique du Sud afin d’aller à la rencontre des acteurs de l’agroécologie… Agro quoi ? Agroécologie ! Mais qu’est-ce que c’est ? Partez avec nous à la découverte de cette pratique et du voyage extraordinaire des deux jeunes femmes.
L’agroécologie : un projet de fin d’études qui fait sens
L’une rêvait de découvrir l’Amérique du Sud, la seconde de faire un voyage un vélo. Toutes les deux étudiantes en fin de cursus, elles avaient à cœur de mener un projet de fin d’études qui faisait sens tant sur le plan social, environnemental, sportif qu’humain. C’est là qu’intervient l’agroécologie… Poussées par la curiosité de savoir ce qui se cachait derrière le projet de l’ONU de rendre la production alimentaire inclusive, efficace et résiliente, elles ont décidé de se rendre là où tout a commencé pour étudier la zone et tenter de comprendre comment un tel projet pouvait être mené à bien.
Qu’est-ce que l’agroécologie ?
Pour faire simple, l’agroécologie est une représentation de l’agriculture de demain. C’est une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes. L’agroécologie permet donc d’appliquer les principes écologiques à l’agriculture et, donc, d’optimiser les ressources locales comme utiliser les matières organiques pour faire de l’engrais par exemple.
Mais loin de se limiter aux aspects environnementaux, l’agroécologie est une thématique transversale qui recoupe des aspects sociaux et économiques. C’est là qu’intervient la Pachamama ! Mère Terre, la Pachamama est particulièrement vénérée en Amérique du Sud. Pour les habitants, cette mère Terre est une représentation sacrée de la préservation de la nature. Au travers de l’agroécologie, ils appliquent donc concrètement tout le mythe qu’elle représente.
Mais, finalement, pour Agathe et Philippine, l’agroécologie va bien au-delà de ce que l’on peut en dire dans les livres. Pour elles, c’est une manière de vivre autrement « on a rencontré quelqu’un qui fabriquait sa propre électricité ! ». Bien plus qu’une pensée orientée autour du développement durable, l’agroécologie est un moyen de lutte pour de nombreux habitants. Vous l’aurez compris, l’agroécologie est donc une manière plus durable de penser l’agriculture.
Un voyage éco-responsable ?
Le contour du voyage dessiné, il fallait se lancer… et la question de comment se rendre en Amérique du Sud s’est posée. Et là l’avion s’est imposé comme un choix plus raisonnable malgré l’empreinte carbone laissée sur la planète, c’est pourquoi « ce serait mentir de dire que c’était un voyage écolo » selon Agathe. Pour rester sur la ligne directrice de l’agroécologie, elles ont tenté de limiter un maximum leur dépense carbone une fois sur place.
Ne s’avouant pas vaincues sur l’idée d’un voyage éco-responsable pour autant, elles ont eu l’idée de rentabiliser leurs kilomètres parcourus. C’est ainsi qu’elles ont créé un compteur à impact qui, tous les deux kilomètres jusqu’à Ushuaïa, leur ont permis de collecter une somme qui sera renversée à une entreprise qui soutient l’agroécologie et la culture durable. Si elles ne peuvent pas effacer ces kilomètres en avion qui les chiffonnent encore aujourd’hui, elles ont tenu à s’impliquer à leur manière dans cette transition agricole et écologique.
Malgré leur conscience écologique scrupuleuse, Agathe et Philippine peuvent être fières ! Elles ont pédalé pendant 6 700 kilomètres de La Paz, capitale de la Bolivie, jusqu’à Ushuaïa en longeant la cordillère des Andes et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce voyage à vélo n’a pas été facile tous les jours. Mais, fidèles à leurs principes, elles ont tenu bon et sont allées jusqu’au bout.
Voyager à vélo en tant que femmes seules : une sensation de liberté
Avant de partir, Agathe et Philippine ne ressentaient pas vraiment la peur de voyager seule. Pour elles, chaque problème trouverait une solution sur place. Avec pour seul objectif de pédaler jusqu’au « bout du monde » et de comprendre les fondements de l’agroécologie, les deux cyclo-voyageuses étaient à la recherche de dépaysement… et elles ont été servies !
Étape 1 : assurer ses arrières
Tout ne s’est pas fait du jour au lendemain ! En effet, les premiers jours ont été un peu difficiles. La fatigue liée à quelques petits pépins de santé, sans oublier le contrecoup du choc culturel, ont joué un peu sur leur moral. Heureusement, Agathe et Philippine ne sont pas parties sans filet de sécurité. Pour pallier à d’éventuels problèmes et pour rassurer leurs proches, elles ont souscrit une assurance voyage durant toute la durée de leur aventure, de cette manière elles savaient en cas de soucis de santé elles seraient accompagnées… et elles ont bien fait ! En Amérique du Sud, comme partout ailleurs dans le monde, tout peut arriver et personne n’est jamais à l’abri de quelques complications en cours de route.
Passé ces premiers jours d’adaptation, elles assurent « avoir eu beaucoup de chance » : pas de problèmes techniques majeurs sur les vélos (seulement deux crevaisons en 6 mois !) et pas de gros soucis de santé qui auraient pu mettre un terme à leur projet. Les deux jeunes femmes sont très fières de s’être fait confiance. En partant, elles étaient persuadées que chaque problème trouverait sa solution sur place et le temps leur a donné raison.
Étape 2 : faire confiance aux locaux
Inévitablement, ce sont les rencontres qu’elles retiendront avant tout de leur voyage. Au-delà des habitants qui les ont aiguillées sur les itinéraires à emprunter (ou ne pas emprunter), elles ont également fait la rencontre d’autres voyageurs à vélo avec lesquelles elles ont pu échanger.
Mais comment peut-on faire confiance si facilement à des personnes que l’on ne connaît pas ? Agathe et Philippine parlent de chance, mais aussi d’une rencontre qui a fait basculé les choses. Cette rencontre a eu lieu au début de leur voyage et c’est ce qui leur a donné ce sentiment de confiance et de sécurité pour la suite de leur périple. Alors qu’elles pédalaient sur les routes de l’Argentine, elles ont la rencontre de Juan et Pauline qui les ont accueillies chez eux de manière spontanée pour partager leur expérience et leur conception de l’agroécologie.
De manière générale, elles se sont rendu compte que l’engagement dans l’agroécologie des acteurs rencontrés prenait une tout autre dimension que la simple bonne parole prêchée. Impliqués dans leur projet et convaincus des bienfaits d’une autre façon de penser l’agriculture, ces acteurs locaux sont heureux de partager leur expérience en invitant les curieux à découvrir leur propre jardin, à partager un repas ou encore à dormir chez eux. Vous l’aurez compris, Juan et Pauline représentent le point de départ d’une très belle aventure pour Agathe et Philippine.
Étape 3 : s’émerveiller de la beauté des paysages d’Amérique du Sud
Née en Amérique du Sud, la culture de l’agroécologie y est grande, mais si les deux jeunes femmes ont choisi cet endroit du monde plutôt qu’un autre, c’est avant tout parce que c’est une région magnifique avec une culture très forte et qu’elle se prête particulièrement à un voyage à vélo.
Mais si elles ont choisi l’Amérique du Sud, c’est aussi – et surtout – parce qu’elles adorent la montagne. C’est pourquoi elles ont choisi un itinéraire qui longeait la cordillère des Andes. Bien sûr, cela n’a pas été facile tous les jours, les conditions météorologiques n’étaient pas toujours de leurs côtés, mais avec leur objectif du bout du monde en tête, elles ont pu pédaler jusqu’à la fin pour enfin ressentir « cette sensation du bout du monde où tout est différent ».
Le vélo leur permettant d’adapter leur itinéraire en fonction de leurs envies, elles ont pu prendre le temps de faire des randonnées. C’est ainsi qu’elles ont passé trois jours dans le désert de sel en Bolivie, l’un des « moments les plus forts de notre voyage ». Elles ont adoré rouler sur des étendues blanches à perte de vue, l’occasion de vivre un moment comme hors du temps.
Au Chili, elles ont arpenté le sentier de la randonnée la plus emblématique de la Patagonie : le trek W situé dans le parc National Torres del Plaine. Ce fut pour elles l’occasion de se déconnecter cinq jours durant, entre terres, lacs et montagnes. Et prendre le temps de marcher au milieu de l’Amérique du Sud, c’est aussi tomber sur des couchers de soleil à couper le souffle… comme celui qu’elles ont eu la chance d’admirer sur la montagne du Fitz Roy, proche du village d’El Chaltén en Argentine.
Si elles en ont pris plein les yeux durant tout leur voyage, leur arrivée dans la ville la plus australe du monde, autrement dit Ushuaïa, restera toujours particulière dans leur aventure. Il faut dire que le parc national de la Terre de Feu est le seul endroit du monde où vous pourrez admirer les forêts de Patagonie, la cordillère des Andes et la mer. Point culminant d’un voyage qui a dépassé toutes leurs espérances, leur arrivée au bout du monde restera l’un des moments les plus émouvants de tout leur périple. Aujourd’hui encore, elles ont l’impression d’avoir vécu un rêve. Ce voyage fut tellement exceptionnel qu’elles ont encore du mal à réaliser ce qu’elles ont accompli.
Étape 4 : aller au bout de ses rêves
Agathe et Philippine avaient à cœur de montrer que partir loin, en terres inconnues, à vélo en tant que jeunes femmes, c’est possible. Pourquoi ? Tout simplement parce que si c’était à refaire, elles ne changeraient rien… enfin presque ! Si elle devait recommencer, les deux jeunes femmes avouent qu’elles prendraient le temps de mieux préparer leur voyage à vélo. Au-delà de l’aspect physique et sportif, s’entraîner est un bon moyen de tester le matériel afin de parer aux éventuels problèmes une fois sur la route.
Ensuite, quand on voyage à vélo, il est important est de s’écouter « même si cela paraît évident ». Il faut apprendre à dire stop pour ne pas se blesser et ne pas se dégoûter du vélo. Il faut accepter de demande de l’aide et toujours – toujours ! – s’écouter ainsi que son compagnon de voyage. La communication et la résilience sont deux notions importantes quand on voyage en duo. Lors de leur périple, Agathe et Philippine ont découvert de nouvelles facettes de leur personnalité. En pratiquant un effort sportif auquel elles n’étaient pas habituées, elles ont été poussées dans leurs propres retranchements et, parfois, elles ne contrôlaient plus vraiment leurs émotions. Mais avec la persévérance et cet objectif de voir le bout du monde, elles ont gardé le cap et se sont étonnées elles-mêmes : « C’est fou de se rendre compte comment on arrive à tenir mentalement. On a l’impression d’être dans un état second, sous une adrénaline constante, c’est une quête d’aventures et d’inconnu ».
Quand on a un rêve, il faut « ne pas avoir peur, ne pas hésiter », il faut le réaliser. Leur aventure en Amérique du Sud a changé leur conception du voyage, « on aime cette manière de découvrir un pays, la culture, les paysages… », elles ont apprécié de voyager autrement, de prendre le temps, d’avoir la liberté des chemins empruntés, de faire des détours, de s’arrêter, d’attiser la curiosité et la sympathie des locaux. Si « tout est décuplé quand on est voyage à l’autre bout du monde », pour l’instant, Agathe et Philippine ont décidé de prendre le temps d’apprécier ce qu’elles viennent de réaliser. Elles ne prévoient pas de retourner sur les routes du bout du monde tout de suite, mais elles ne disent pas non à quelques jours à vélo pour découvrir les routes de France et d’Europe prochainement…
Un grand merci à Agathe et Phillipine, alias La Bici de Pachamama, d’avoir partagé leur expérience avec nous.
Theo manin dit
Quoi de mieux que mélanger entre voyage et cyclisme, l’aventure a du être formidable, je suis aussi entrain de preparer un road trip avec mon rockrider, à la quete de bons moments et de futurs souvenirs !!
Manon De Miranda dit
ACS serait ravi de vous accompagner durant toute la durée de votre séjour si vous allez pédaler à l’étranger. Allez-y : on vous couvre !