Traverser un pays, un continent ou même faire le tour du monde… à vélo. Ils sont de plus en plus nombreux à tenter l’aventure. Économique, écologique, la bicyclette redonne au monde sa pleine dimension, invite à l’introspection, suscite les rencontres… Et nul besoin d’être un athlète aguerri pour tailler la route sur deux roues. En selle, tout est une affaire de temps… et de préparation aussi un peu. Voici 10 pistes à explorer avant de pédaler vers l’horizon et entamer un voyage à vélo.
1. Cibler son itinéraire
S’il faut prendre une contrainte en considération, c’est certainement votre disponibilité. Vous devez vous contenter de trois semaines de vacances ? Vous pouvez entreprendre la traversée d’un pays sur 1000 kilomètres environ. Vous bénéficiez d’un congé sans solde ou d’un congé parental d’une année ? Un périple transcontinental devient envisageable. Vous êtes libre de toute obligation pendant 2 ou 3 ans ? Le monde est à vous ! Reste à définir précisément vos besoins et vos attentes. Quels sont vos rapports au confort, aux conditions météo difficiles, à l’isolement, au relief… ? En somme, à quel degré d’engagement êtes-vous prêt à vous soumettre ? Les exigences d’une traversée du Pamir en autonomie seront d’un tout autre ordre que celles d’une escapade en bord de Loire. A vous de placer le curseur au plus juste en associant au défi physique d’autres dimensions qui comptent à vos yeux : ouverture sur une autre culture, authenticité des rencontres, splendeur des paysages… Bref, au-delà des considérations purement géographiques, donnez un sens à votre chemin !
Notre conseil : l’idée de tailler la route vers l’inconnu vous paralyse ? Pourquoi ne pas débuter par un itinéraire déjà tout tracé ? Il en existe pour tous les profils de quelques jours à plusieurs mois. Plusieurs Véloroutes sillonnent la France et l’Europe. Au Canada, le Grand Sentier avec ses 24 000 km constitue le parcours récréatif le plus long du monde. Aux États-Unis, l’Adventure cycling association cartographie le pays-continent pour les cyclistes depuis plus de 40 ans !
2. Choisir ses compagnons de voyage
Le vélo suscite la curiosité, provoque les rencontres… mais pas toujours celles qu’on imagine ! Indéniablement, il s’agit d’une occasion de se découvrir soi-même. En ce sens, une longue échappée en solitaire sera propice à l’introspection, à la prise de recul, et elle pourra même faire office de retraite spirituelle. A plusieurs, la donne sera différente. Les autres, confrontés à des conditions inhabituelles, ne manqueront pas de se révéler sous un jour différent pour le meilleur ou… pour le pire ! Entre amis, même de longue date, en couple également, assurez-vous d’être sur la même longueur d’onde. Le projet ne doit pas être celui de l’un par rapport à l’autre, mais le fruit d’une réflexion commune. Identifiez les points d’achoppement et discutez-en honnêtement. Quels que soient les liens qui vous unissent au départ, il vous faudra également former une équipe sur le terrain. A la clé, une expérience réussie jettera les bases d’une amitié durable, d’une union solide, d’une famille épanouie. Car oui, voyager à vélo avec ses enfants est tout à fait envisageable. Leurs capacités d’adaptation vous surprendront et vous écrirez ensemble un des chapitres les plus extraordinaires de votre vie.
Notre conseil : communiquez ! Dans des conditions précaires, la moindre broutille risque d’être montée en épingle et de tourner au conflit. Plutôt que de ressasser vos rancœurs, faites part, avec des mots choisis, de ce qui vous contrarie. Vous avez du mal à parler ? Formaliser des temps de parole réguliers toutes les semaines par exemple durant lesquels chacun pourra, non pas régler ses comptes, mais livrer son ressenti.
3. Dénicher la monture idéale
Il est de bon temps de prétendre que le vélo idéal est celui que vous avez déjà. Dans l’absolu, rien de plus juste. L’histoire du voyage à vélo est émaillée de périples extraordinaires menés au guidon de montures totalement inappropriées. Toutefois, à moins de vouloir ajouter un challenge au challenge, il est recommandé de prêter une attention particulière au choix de sa bicyclette. Trois critères fondamentaux à garder en tête : robustesse, simplicité, confort ! Dans cette optique, la plupart des voyageurs font le choix d’un cadre en acier. Résistant, d’une longévité supérieure à l’aluminium ou au carbone, il présente une excellente capacité d’absorption des chocs et des vibrations, essentielle sur la longue distance. Une attention particulière sera portée aux roues qui subiront avec la présence des bagages d’importantes contraintes. On optera pour des jantes et un rayonnage solides. Pour les pneus, une référence : la gamme Schwalbe Marathon dont la durée de vie dépasse les 10 000 km. La taille 26’’ reste le standard le plus facilement trouvable à travers le monde. Côté transmission, privilégiez des développements qui vous permettront de mouliner (plateaux 48/36/26, cassette 11/34 voire plus court). Essentiel, soignez votre position, avec une selle adaptée à votre morphologie et bien réglée. Des poignées ergonomiques voire un cintre papillon permettront de relâcher les tensions au niveau du cou, des épaules et des bras.
Notre conseil : vous cherchez un vélo prêt à tailler la route ? Dans la catégorie simple et efficace, un modèle se distingue : le VSF Fahrradmanufaktur TX-400. Fiable et polyvalent, ce mulet made in Germany a fait ses preuves sur les routes et les pistes les plus exigeantes de la planète. Équipé d’origine de porte-bagages, d’une béquille, d’un dispositif d’éclairage, il constitue sans doute l’un des meilleurs rapports qualité-prix du marché.
4. Choisir son mode de portage
La solution la plus fréquemment retenue consiste à s’équiper d’une parure complète de sacoches cavalières. On les préfèrera étanches et volumineuses. On y associera une sacoche guidon. Les marques allemandes Vaude et Ortlieb font figure de référence sur le marché.
Ce dispositif comblera les attentes des voyageurs en quête d’une grande capacité de chargement évoluant sur routes ou sur pistes carrossables. Mais d’autres solutions existent à commencer par le novateur système bikepacking qui permet de s’affranchir des porte-bagages et de partir en itinérance au guidon d’un VTT ou d’un vélo de route, par exemple. Le concept : des éléments à scratches fixables au guidon, au cadre ou à la selle. L’idéal pour qui veut voyager vite et léger ou s’aventurer sur des sentiers étroits ou cahoteux. A l’opposé, la remorque permettra d’accroître sa capacité de transport ou de se passer totalement de sacoches. Si elle compte ses adeptes, elle présente quelques points faibles : une inertie préjudiciable en côte et son volumineux sac fourre-tout qui ne facilite pas l’accès à son équipement. Une remorque adaptée sera indispensable aux familles voyageant avec des enfants en bas âge.
Notre conseil : munissez-vous d’un sac à dos, mais ne le portez pas sur vos épaules lorsque vous roulez, au risque de développer sur la durée des pathologies du dos ou du cou. Attachez-le sur vos sacoches arrière ou votre remorque avec un tendeur. Il vous permettra de transporter facilement vos effets de valeur une fois descendu du vélo.
5. Sélectionner son équipement
Même s’il est tout à fait possible de voyager à vélo avec quelques vêtements de rechange et sa seule carte bleue pour s’acquitter du prix d’une chambre d’hôtel, miser sur l’autonomie complète s’avèrera sans doute plus intense humainement et surtout plus économique (à moins de préférer le réseau d’hospitalité réservé aux cyclistes).
Cela implique de transporter tout son matériel de bivouac à commencer par la tente. On la choisira de préférence autoportante afin de pouvoir la dresser sur tout type de surface y compris par exemple, une terrasse ou le sol d’un garage. Elle sera suffisamment grande ou disposera d’auvents pour pouvoir stocker ses bagages à l’abri des regards. Un sac de couchage et un tapis de sol compléteront le dispositif de couchage. Côté vêtements, inutile de multiplier les tenues. Deux ensembles techniques, portés en alternance, suffiront. Une trousse à outils de base (clés Allen, dérive-chaîne, couteau, pince…) et quelques pièces de rechange (chambres à air, patins, câble de freins et dérailleur, maillons de chaîne…) seront aussi du voyage. Si vous souhaitez partager votre aventure, il faudra songer à embarquer un appareil photo et éventuellement un ordinateur. A nouveau, pensez simplicité, légèreté et compacité. Inutile de s’encombrer d’un appareil reflex haut de gamme et d’un large éventail d’objectifs à moins d’être un photographe acharné. Si votre attirail nécessite de trop longues minutes à être déployé, il y a de fortes chances pour qu’il reste au fond de vos sacoches.
Notre conseil : autorisez-vous un objet plaisir ! Vous êtes musicien, emportez votre instrument (sauf s’il agit d’un piano à queue !), vous dessinez, prenez vos feuilles et vos crayons ! Si vraiment vos bagages vous pèsent trop, il ne sera jamais trop tard pour faire le tri et renvoyer le superflu à la maison.
6. Boucler ses sacoches
Faire ses bagages s’apparente à un aménagement dans un nouvel appartement, on cherche ses repères, on tâtonne. Pour mettre la main sur l’objet désiré sans avoir à fouiller de fond en comble chacune de ses sacoches, il convient de s’organiser minutieusement. Placez un autocollant distinct sur chacune d’elles et attribuez-lui un rôle : le dressing, la cuisine, le garage, la chambre… Vous saurez ainsi toujours où chercher et éviterez les ouvertures intempestives. Cette organisation ne devra pas pour autant perturber l’équilibre global de votre chargement. La masse devra être répartie équitablement entre les sacoches de droite et de gauche en plaçant de préférence les équipements lourds à l’avant. Vous y gagnerez en stabilité. De manière générale, les indispensables (appareil photo, kit de réparation, trousse de secours…) devront rester accessibles dans la sacoche guidon ou dans la partie supérieure des sacoches cavalières.
Notre conseil : évitez de surcharger vos sacoches ! Rien de tel pour user prématurément leur système de fermeture. Gardez de plus à l’esprit qu’il vous faudra de la place pour ranger vos provisions et réserves d’eau lorsque votre route vos conduira à l’écart des zones habitées.
7. Se tester en conditions réelles
Afin d’éviter de fâcheuses déconvenues une fois lâché dans le grand bain, pensez à organiser une sortie test quelques semaines avant le grand départ. Une randonnée de deux à trois jours suffira pour vous mettre à l’épreuve avec votre équipement. Dans l’idéal, partez de chez vous afin de pouvoir rebrousser chemin facilement, si nécessaire. Cette séance de répétition générale vous permettra d’ajuster au mieux vos sacoches, votre position sur le vélo et de mettre au jour d’éventuels dysfonctionnements qui vous auraient échappé. Pour que l’expérience soit efficace, jouez le jeu au maximum et efforcez-vous d’utiliser l’ensemble de votre matériel. Vous acquerrez des réflexes précieux et débuterez l’apprentissage de votre vie en itinérance en douceur.
Notre conseil : si un galop d’essai s’avérera très utile pour le bon déroulement de votre voyage, en revanche, il n’est pas indispensable de se soumettre à un entraînement sportif exigeant avant de partir. Une pratique régulière du vélo, pour ses déplacements du quotidien par exemple, suffira à se maintenir en bonne condition physique et à éviter des débuts difficiles. Une fois sur la route, vous renforcerez vos capacités d’endurance au fur et à mesure.
8. Anticiper les risques
Identifier les risques, c’est déjà contribuer à les limiter. Sans sombrer dans une paranoïa contre-productive, il est judicieux de faire le point sur les dangers potentiels que peut réserver un périple au long cours à vélo. Vouloir les supprimer relève de l’utopie, mais les accepter et apprendre à y faire face sont des étapes essentielles pour voyager l’esprit tranquille. Se déplacer à bicyclette comporte son lot de périls, le premier d’entre eux, étant l’accident de la circulation. En la matière, le risque zéro n’existe pas, mais en s’écartant autant que faire se peut des axes fréquentés, en arborant une tenue visible de loin et si nécessaire un dispositif de signalisation lumineuse (clignotants à LED), en s’équipant d’un rétroviseur et en portant un casque, on se munira efficacement contre la menace. D’autres risques seront inhérents à la destination choisie. Faune sauvage, difficulté d’accès à l’eau potable, insécurité, maladies, on se documentera scrupuleusement sur le sujet avant de partir. Sur place, on mettra à jour ses connaissances grâce aux conseils des autorités et des populations locales plus en phase avec la réalité du terrain. L’expérience permettra de distinguer sources d’informations fiables et fantasmes ou rumeurs.
Notre conseil : dans tous les cas, veillez à partir correctement assuré. La solution Globe Partner, proposée par ACS, est particulièrement adaptée à un périple au long cours hors de votre pays d’origine. Entre autres, elle couvrira vos frais médicaux qui, aux États-Unis ou au Canada par exemple, peuvent rapidement s’envoler. A l’autre bout du monde, vous pourrez également compter sur un service d’urgence joignable en permanence par téléphone. De quoi mettre les bouts en toute sérénité.
9. Prendre l’avion
Bien entendu, un périple, même de plusieurs milliers de kilomètres, pourra débuter sur le pas de votre porte. Quoi de mieux sur les plans écologiques et économiques ? Toutefois, on peut être tenté de débuter ses pérégrinations de l’autre côté de l’océan. L’avion s’imposera alors sans doute comme le moyen de transport le plus adapté. Là encore, la prise de renseignements en amont sera capitale pour éviter les mauvaises surprises à l’aéroport. Certaines compagnies facturent systématiquement en sus le transport d’un vélo. D’autres autorisent sa présence en décomptant son poids sur votre forfait bagages. De même, quelques-unes exigent l’emploi d’une housse de transport. Mais la plupart tolèrent des solutions d’emballage plus artisanales. La moins onéreuse consiste à se procurer un carton adapté à la taille de votre monture auprès d’un vélociste. Il faudra, au préalable, démonter les roues et les pédales, dégonfler les pneus, ôter la selle et fixer votre guidon contre le tube supérieur du cadre. Vous veillerez à protéger correctement votre transmission et toutes les parties saillantes qui pourraient occasionner des dommages au carton. Misez sur la mousse et le papier bulle ! Scotchez ensuite solidement le tout.
Notre conseil : avertissez la compagnie que vous voyagerez avec un vélo et arrivez à l’aéroport avec plusieurs heures d’avance afin de pouvoir rebondir en cas de problème. Plutôt que d’utiliser le très coûteux service de filmage plastique disponible dans les aérogares, achetez deux ou trois rouleaux de film de cuisine. Ils vous serviront à empaqueter vos sacoches en deux paquets distincts. Une solution pour respecter les clauses de votre franchise bagages souvent limitée à deux valises.
10. Imaginer son retour
La chose peut paraître prématurée et pourtant, il est nécessaire de penser à son retour avant même d’avoir quitté son domicile, surtout si vous partez pour longtemps. Plutôt que de se pencher sur la question dans la précipitation émotionnelle et matérielle de votre débarquement sur le sol national, anticipez ! Il ne s’agit pas d’écrire point par point votre avenir avant même d’avoir commencé à pédaler – le voyage à coup sûr vous aura changé et de nouveaux projets auront germé sur la route – mais de jeter les bases d’un atterrissage en douceur. Vous avez mis un terme à votre contrat de location ? Prévoyez une solution d’hébergement, même temporaire, pour les premières semaines. De même, assurez-vous de vous ménager un matelas financier suffisant pour combler vos besoins dans l’attente de la reprise d’une activité professionnelle qui ne sera peut-être pas immédiate. Renseignez-vous également sur les formalités administratives à accomplir (ré-affiliation à la sécurité sociale, etc.) Vous serez ainsi armé à minima pour faire face au tourbillon du retour.
Notre conseil : vous souhaitez raconter votre aventure sur deux roues à travers un film, un livre ou tout autre support ? Pensez-y avant d’avoir donné les premiers coups de manivelles. Choisissez un fil conducteur pour votre projet. Contactez d’éventuels producteurs ou éditeurs, qui vous feront part de leurs exigences techniques. Une façon, dans ce domaine aussi, de ne pas partir à l’aveuglette.
Pour aller plus loin
Plongez-vous dans le Manuel du voyage à vélo, un guide spécialisé, édité par l’association Cyclo-camping International qui regroupe et informe ceux qui voyagent à vélo sans aide motorisée.
Volto dit
Bravo pour ce guide très complet. Le plus dur est de se lancer la première fois. Une fois qu’on a goûté l’aventure à vélo, on ne peut plus s’en passer !
Chronique de Voyages dit
Super complet ton article, merci ça donne envie de repartir en voyage à vélo 🙂