
Mettre sa vie sur pause pendant une année pour parcourir le monde en famille, cela peut sembler fou. Et pourtant ! C’est exactement ce qu’ont fait Clémence, Nicolas et leur fille, Capucine, 3 ans. Entre envie d’échapper à la routine et soif de découvertes, ils ont embarqué dans leur camping-car pour un tour du monde unique, de la Scandinavie aux Amériques. Avec un mélange de préparation minutieuse, d’un peu de débrouillardise et surtout beaucoup de lâcher-prise, cette famille nous raconte comment ils ont transformé une année ordinaire en une aventure extraordinaire, ponctuée de paysages époustouflants, de belles rencontres et de petits défis du quotidien…
Tout quitter pour vivre un an en camping-car : naissance d’un projet de vie
Avant de prendre la route pour un an de découvertes, cette famille a dû franchir un cap important : laisser derrière elle la routine quotidienne pour se lancer dans l’inconnu. Entre vie professionnelle, responsabilités familiales et vie sociale, Clémence et Nicolas ont décidé de faire un vrai choix de vie, tous deux guidés par l’envie de partager des moments uniques avec leur fille avant son entrée à l’école.
Une envie d’ailleurs et de slow travel
Clémence et Nicolas ont toujours eu une vie bien remplie, entre travail et obligations quotidiennes, mais un jour, ce confort a commencé à leur sembler un peu trop étriqué. Arrivés à un tournant de leur vie, « on en avait marre de la routine, tout s’est donc aligné pour partir vivre ce voyage », l’envie de se lancer un vrai défi, de sortir du quotidien et de créer des souvenirs inoubliables avec leur fille avant son entrée à l’école s’est faite plus forte que tout. Pour eux, il ne s’agissait pas seulement de partir en voyage en famille : c’était l’occasion de repenser leur façon de vivre. Plutôt que de multiplier les escapades courtes et stressantes, ils ont choisi de vivre une aventure longue, immersive et libre, où chaque étape serait pleinement vécue.

Pour Clémence et Nicolas, le choix du voyage en camping-car n’a rien d’anodin. Nicolas avait la tête remplie des souvenirs de vacances en camping-car avec ses parents et l’idée « d’explorer le monde avec un toit sur la tête » lui était déjà familière. Pour Clémence, c’était une initiation qu’elle a rapidement adoptée : un moyen de voyager tout en gardant le confort et la sécurité nécessaires pour leur petite famille. Le camping-car est devenu leur maison mobile, leur offrant ainsi une autonomie précieuse : un lit toujours prêt, une cuisine pour être aux fourneaux comme à la maison et la liberté de tracer leur route au gré de leurs envies. Ce mode de voyage correspondait parfaitement à leur philosophie de slow travel : ralentir, prendre le temps afin de profiter pleinement de chaque étape.
Un itinéraire pensé selon la météo
Construire un itinéraire pour un an de voyage en camping-car, ce n’est pas seulement tracer une ligne sur une carte. Pour Clémence et Nicolas, il s’agissait avant tout d’adapter leur route au climat, à la sécurité et au bien-être de Capucine.
C’est ainsi que leur aventure a commencé là où elle avait été interrompue en 2021 à cause du Covid : en Scandinavie. « C’était un rêve de faire la Scandinavie », nous confient-ils, des étoiles encore plein les yeux. Trois mois au nord de l’Europe, malgré le froid, pour profiter des fjords et de paysages spectaculaires. Puis est venu le besoin de chaleur alors direction l’Amérique, du Panama jusqu’au Canada, en suivant les saisons et en privilégiant les pays sûrs, accessibles à adaptés à une enfant de trois ans, « et avec du recul, on sait qu’on a fait le bon choix ». Chaque étape a été choisie pour permettre à tous les membres de la famille de découvrir, s’émerveiller et voyager sereinement, sans courir après le temps ou s’imposer des contraintes trop strictes. Une logique simple, mais essentielle pour vivre pleinement ce tour du monde en famille.
Organisation minutieuse et démarches administratives
Un an sur les routes ne s’improvise pas, surtout avec une petite fille de trois ans ! Clémence et Nicolas ont commencé à planifier leur aventure un an et demi avant le départ, pour lever toutes les barrières possibles et anticiper chaque aspect pratique. Prévenir les employeurs, organiser une année sabbatique, gérer la mise en location de leur maison et rassembler tous les documents nécessaires « que nous avons rangés dans une pochette bien cachée dans notre véhicule » – permis international, souscrire une assurance voyage, comprendre le fonctionnement des assurances véhicules selon les pays traversés et autres documents administratifs – ont été leurs premières étapes. En parallèle, ils ont commencé d’aménager leur camping-car pour qu’il devienne un véritable foyer mobile. Panneaux solaires, amortisseurs renforcés, filets de rangement, machine à laver portative… chaque détail a été pensé pour vivre confortablement, même dans un espace réduit.

Cette préparation minutieuse leur a permis de partir en toute sérénité, avec la certitude d’avoir anticipé la plupart des imprévus et d’avoir transformé leur véhicule en une maison sur roues prête à accueillir un an de découvertes, de rencontres et de souvenirs inoubliables. Mais comme chaque voyage réserve son lot de surprises, ils n’ont pas échappé à quelques déconvenues. L’assurance véhicule s’est rapidement révélée être un véritable casse-tête en Amérique du Sud où « rien n’est vraiment cadré, chaque frontière a ses particularités et la situation évolue de mois en mois ». À chaque nouvelle frontière, il leur fallait donc présenter leur TIP (titre d’importation de véhicules) mais aussi souscrire à une nouvelle assurance véhicule, « heureusement qu’un groupe WhatsApp de voyageurs s’est créé avec plus de 300 personnes, on a donc fait en fait en fonction des informations des autres voyageurs ».
Un an de voyage camping-car sur les routes du monde : du rêve à la réalité
Après des mois de préparation est enfin venu le moment tant attendu : le grand départ. Et, très vite, Clémence, Nicolas et Capucine ont découvert que voyager en famille est une succession de choix, d’adaptations et d’émerveillements.
Voyager en camping-car en famille : combien ça coûte ?
Le budget est souvent la première question qui vient à l’esprit quand on envisage un tour du monde en camping-car. Avant leur départ, le couple avait estimé cette aventure à environ 51 500 euros, soit une moyenne d’environ 100 euros par jour. Cette estimation comprenait le carburant, l’entretien du véhicule, le shipping du camping-car en (12 000 euros), l’alimentation, les activités et même les petites escapades au restaurant. Au terme de l’aventure, le budget dépensé s’élève à 47 800 euros.
Pour autant, le couple insiste : il n’a pas fallu se priver pour voyager sereinement, « si on avait envie d’acheter un pot de Nutella ». Ils ont appris à ajuster leurs dépenses en fonction des pays visités, par exemple « on s’est calmé après la Scandinavie, on a fait attention sur les premiers pays en Amérique centrale pour ajuster notre budget », mais il était « hors de question que l’on parte en voyage pour se créer des frustrations à cause du budget », précisent-ils, « si on rencontrait des gens, on les invitait à l’apéro, car ça ne nous ressemble pas de nous priver, dans la vie de tous les jours, comme en voyage ».
Leur conseil est simple : anticiper autant que possible, mais rester flexible. Chaque famille a ses priorités et son rythme et il est toujours possible de moduler ses dépenses pour que le voyage reste agréable. Leur seule boussole ? L’application TravelSpend pour suivre leur budget au jour le jour. Après tout, l’investissement le plus précieux reste celui des souvenirs et des moments partagés, « on a simplement fait des choix avant de partir pour faire le voyage qui nous ressemblait ».
Où poser son camping-car pour la nuit ?
S’il y a bien une chose que Clémence et Nicolas retiennent de leur année sur les routes, c’est que voyager en camping-car demande autant de préparation que de lâcher prise ! Notamment quand il a fallu trouver des spots où poser leur camping-car pour la nuit… surtout en Norvège. « Ce n’est pas du tout le pays de la vanlife, c’est très dur de trouver des spots sympas et gratuits », ajoutent-ils. Pour le reste de leur voyage, ils se sont laissé guider par des applications comme IOverlander et Park4night pour repérer des emplacements sympas.
La sécurité ? Cela n’a jamais vraiment au cœur de leurs préoccupations puisqu’ils ont fait en sorte d’éviter les pays à risques. Néanmoins, ils préfèrent le préciser, « l’Amérique centrale, ce n’est pas le pays des Bisounours ». Alors ils ne diraient pas qu’ils ne se sont pas sentis en sécurité, mais « on restait sur nos gardes, surtout au Mexique où on a préféré dormir sur le parking de stations-service parce qu’on savait qu’on était filmé ».
Et les imprévus ?
Nombreux ! Et c’est sans doute ce qui rend un voyage au long cours aussi vivant. Durant cette année sur les routes, les petites galères, parfois drôles, parfois beaucoup moins, ont rythmé leur quotidien. Et cela a commencé dès le début du voyage ! On avait mal enclenché les WC, « on vous laisse imaginer comment ça dégoulinait partout à chaque fois que l’un d’entre nous allait aux toilettes ». Et la galère des toilettes était loin d’être terminée, car aux États-Unis, alors que Clémence vidait les toilettes du camping-car, le bouchon est parti avec… « oui, oui, on a été obligé de le récupérer dans la fausse ». Et puis, il y a aussi eu ces quelques jours où le couple s’est à peine adressé la parole sans vraiment savoir pourquoi, probablement une accumulation de fatigue. Rien d’exceptionnel, mais des situations qui rappellent que le voyage n’est pas toujours magique et que les réseaux sociaux montrent rarement les coulisses.

Mais les imprévus ne s’arrêtent pas là. En Amérique centrale, Clémence et Nicolas ont rapidement compris que voyager en camping-car était ambitieux. En effet, là-bas, le camping-car, « ce n’est pas l’idéal, le véhicule est trop bas ». Loin de se laisser abattre, ils ont dû s’adapter aux routes sinueuses et aux infrastructures parfois limitées, mais si c’était à refaire « on ne partirait peut-être pas avec le même véhicule », disent-ils en riant.
Sur un ton plus sérieux, ces imprévus, aussi bénins soient-ils, leur ont aussi rappelé l’importance d’être bien préparés. Et sur ce point, Clémence et Nicolas sont ravis d’avoir souscrit une assurance voyage, « on est vraiment contents, on a juste eu besoin de faire une consultation aux urgences en Amérique centrale et d’acheter quelques médicaments, rien de grave, mais tout a été pris en charge sans stress ». Avec une enfant de trois ans, savoir que la santé ne sera pas un sujet d’inquiétude change tout, « notre seule crainte durant ce voyage, c’était la santé. Un véhicule, ça se répare, mais s’il vous arrive une grosse bricole, ça peut chiffrer très vite. On voulait éviter l’imprévisible, il ne nous est rien arrivé de grave, mais on savait très bien qu’un simple passage urgence pourrait devenir une grosse source de stress ».
Un an en camping-car : le voyage d’une vie
Chaque pays traversé a laissé sa marque, avec des paysages à couper le souffle et des expériences très différentes selon chacun. Pour Capucine, Clémence et Nicolas, cette année en camping-car a été autant une aventure des sens qu’une aventure humaine et familiale.
Leurs destinations coups de cœur
Chaque membre de la famille a vécu son voyage à sa manière et les coups varient selon les souvenirs de chacun. Pour Capucine, aucun doute, « le Panama a été une révélation », nous confie sa maman en riant. Pourquoi ? « Parce qu’il faisait chaud ! » et après la Scandinavie, la petite fille en avait marre de porter trop de couches de vêtements. Pour ses parents, le Panama restera un souvenir fort puisque c’est là-bas que leur petite fille est devenue propre.

En Amérique centrale, le couple a adoré le Costa Rica, « pour sa faune et sa flore ». Clémence, elle, a été particulièrement séduite par le Canada, notamment les Rocheuses avec ses lacs et ses forêts à perte de vue. Nicolas, un peu moins. Ce dernier garde un souvenir plus marqué des États-Unis, « le pays est très grand, mais ses paysages sont vraiment très différents, ce qui est un peu moins vrai au Canada » et de la Norvège.

Mais tous deux reconnaissent que certains pays les ont moins touchés, notamment le Mexique et le Nicaragua, qui leur ont laissé un ressenti mitigé, lié à des difficultés d’accès, à la méfiance d’une partie de la population, « ils sont un peu verrouillés dans leurs échanges, ils n’ont pas vraiment le droit de s’exprimer, le pays a beaucoup souffert de la guerre… ». Mais ils préfèrent préciser : « ce n’est pas forcément le pays, le problème, mais le moment, le vécu et le ressenti que l’on a eu à un instant T, tout est peut-être une question de timing ».

Finalement, au-delà des paysages et des destinations, ce qui ressort surtout de cette année sur les routes, c’est l’impact émotionnel de cette aventure sur leur famille. Voyager ensemble, affronter les imprévus et partager ces découvertes a resserré leurs liens. Pour Clémence, Nicolas et Capucine, cette année n’a pas seulement été une collection de paysages et d’expériences, mais surtout une parenthèse où la famille a appris à s’adapter et à savourer chaque instant passé ensemble.
Voyager avec un enfant : entre moments précieux et défis du quotidien
Voyager avec une petite fille de trois ans transforme chaque jour en aventure, mais aussi en apprentissage. Capucine est rapidement devenue un véritable « passeport à rencontres », rient-ils en cœur. Sa curiosité, son sourire et sa spontanéité ont ouvert de nombreuses portes, surtout en Amérique centrale où les enfants sont très appréciés et attirent naturellement la bienveillance des locaux.
Mais un voyage long-cours avec un enfant n’est pas toujours simple. Les parents doivent gérer émotions, fatigue et moments de proximité intense. Les réveils nocturnes, les caprices ou les journées où la petite ne veut rien faire font partie du quotidien et demandent une bonne dose de patience et d’adaptabilité, « on a seulement emmené notre quotidien dans un petit environnement, rien n’a vraiment changé ». Malgré tout, ces quelques moments difficiles sont contrebalancés par des instants précieux : premiers pas sur la plage, découvertes de la faune, rires partagés au détour d’un sentier ou d’un fjord et des souvenirs à jamais gravés dans leur mémoire.

Et ne venez pas leur dire que Capucine ne se souviendra pas de tout ça, parce qu’eux vont s’en souvenir « on lui a inculqué autre chose, elle a parlé d’autres langues, elle a vu des animaux que d’autres n’ont jamais vus, alors peut-être qu’elle ne s’en souviendra pas, mais on reste persuadé que c’est ancré en elle ». Et c’est non sans émotion qu’ils ajoutent que « on ne regrettera pas d’avoir passé trop de temps avec notre fille, on voulait l’avoir que pour nous et ne pas la partager, on voulait la voir grandir et on a appris à la connaître ». Mais, contrairement à ce que veulent bien montrer les réseaux sociaux, tout n’est pas toujours parfait, « c’est parfois de la poudre aux yeux » et certains jours, rien ne va, mais chaque difficulté est aussi une leçon et un souvenir de plus à raconter.
Vous l’aurez compris, voyager, c’est aussi se révéler à soi-même et à sa famille, partager des moments uniques et parfois imparfaits qui renforcent les liens. Pour Clémence et Nicolas, cette année en camping-car autour du monde a été bien plus qu’un simple voyage : ce fut une véritable leçon de vie. Leur plus grande découverte ? L’importance d’oser, de se lancer malgré les doutes et les imprévus, « si vous avez des rêves, il faut les vivre, parce qu’on ne peut jamais regretter ce qu’on a fait, mais on peut regretter ce que l’on n’a pas vécu ». Toutefois, ils tiennent à souligner l’un des grands paradoxes du long voyage : « ne laissez pas la routine s’installer », car quand même au milieu de paysages incroyables, on finit par ne plus s’émerveiller, il est temps de prendre le temps de souffler et de ralentir pour mieux repartir. Et si c’était à refaire ? Ils le referaient – peut-être plus longtemps, peut-être autrement. Mais une chose est sûre : chaque rêve mérite d’être vécu, « le plus dur, c’est juste de poser une date de départ ».
Un grand merci à Clémence et Nicolas, alias Mieux routard que jamais sur Instagram, d’avoir partagé avec nous leurs précieux souvenirs de cette année passée en famille et leurs conseils pour réussir un voyage en camping-car autour du monde.

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